Les Lunes d'Aereethe
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 Les Songes de Jésomey

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Silce
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Silce


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MessageSujet: Les Songes de Jésomey   Les Songes de Jésomey Icon_minitimeMer 5 Sep - 18:34

Les Songes de Jésomey



Récupéré à la mort de son auteur, ce récit contient la vie de Jésomey vue par l’un de ses amis qui fut présent dès la célèbre Première Transe. Il est important de préciser que tout s’est déroulé sur la Lune Pourpre, Glow. Naf, le narrateur et auteur, est mort quelques mois après la disparition de Jésomey, de chagrin semble-t-il. Etant Petit Frère, sa statue fut érigée sur Glow, au bord du Lac Rouge (il est fort conseillé, lorsque l’on est pratiquant Ocran, de prier aux pieds de Naf au cours de son pèlerinage, ainsi qu’aux autres Petits Frères).




Partie I : La Première Transe

Un soir, alors que je quittai la taverne où je servais pour me faire quelques pièces d’or, j’allais comme chaque fois me recueillir au bord du lac, au pied de la colline sur laquelle était perchée ma maison. Le soir tombant, les lueurs rouges de Glow donnent toujours à la surface de l’eau une teinte rosée à s’y méprendre irréelle, d’où son surnom, le Lac Rouge. J’étais donc au bord de la rive, à genoux, me remémorant comme de coutume les derniers instants de ma mère, pour qui je devais porter le deuil durant six mois. Je sentis soudain une présence derrière moi, et, l’instant suivant, une main posée sur mon épaule. Une main apaisante. Alors que je relevai la tête et me tournai vers celui qui avait troublé mon recueillement, il prononça ces mots :
« Ton deuil est terminé, je crois. »
C’était vrai. Il s’était terminé la veille, mais, accablé par mon chagrin, j’étais revenu pleurer une dernière fois ma chère mère. Comment le savait-il ? Ce devait certainement être quelqu’un hors du commun, je commençai déjà à le pressentir.
« Qui es-tu ? Murmurai-je.
- Mon nom est Jésomey. Je suis ton Grand Frère… »
Il ne termina pas sa phrase. Tout son corps se relâcha et il leva un instant les yeux au ciel. Sans savoir pourquoi, il était pour moi évident qu’il avait là une révélation. Jamais je n’avais ressenti pareil spiritualisme : et quel ne fut pas mon étonnement quand je le vis s’effondrer, sans aucune retenue, dans le lac. Ce n’était assurément pas de la comédie. Je n’osai le toucher, et je fis bien : quelques minutes plus tard, de splendides minutes éternelles, il se releva : non, il ne s’était pas noyé, il était décidément différent de tous les êtres que j’avais rencontré jusqu’alors. Lorsqu’il émergea, son visage était rouge comme celui du lac ; on aurait presque dit qu’il était en colère. Il devait encore avoir de l’eau dans la gorge, car il suffoqua en me disant :
« Mys… Ouge… »
Il toussa alors tandis que je gravais dans mon esprit ces deux syllabes à jamais. Mysouge. Qu’était-ce ? Le savoir n’était pas pour maintenant. Levant brutalement ses bras vers moi, je comprenais alors qu’il avait besoin de mon aide. Je les attrapai volontiers et l’aida à se relever. Il allait parler quand une voix bourrue dans notre dos nous interrompit :
« Hé, si vous voulez aller au château, j’y grimpe. Mais si ça vous intéresse montez vite, je n’ai pas que ça à faire.
- Quelle joie !!
M’exclamai-je. Voici justement un être hors du commun. Il se nomme Jésomey et vient de subir sa Première Transe. Il sait de nombreuses choses que la plupart ne savent pas, j’en suis convaincu. Tenez, rien qu’en touchant mon épaule, il a deviné que j’avais terminé mon deuil pour la mort de ma mère. N’est-ce pas FA-BU-LEUX ??? »
L’homme, qui était sur une charrette, leva un sourcil et l’un de ses yeux endormis sembla soudain s’illuminer. Il bougonna :
« Heu, ouais sûrement… »
Je savais que de la part d’un homme si peu cultivé, cela voulait dire beaucoup. J’étais donc conforté dans mon idée. Je pris Jésomey par la main et le fit grimper sur la charrette de l’homme. Il tenta de me parler, mais je savais que c’était inutile.
« Attends, Naf. Je dois te dire…
- Laisse !
Lançai-je. Tu connais même mon nom alors que je ne te l’ai pas donné, c’est merveilleux. Ne t’en fais pas, je sais quelle est ma mission. Te faire connaître, assurer ton chemin pendant que toi tu reçois tant de révélations. En échange, je subirai ta sagesse. »
Il me regarda avec des yeux ronds ; je sus alors que je l’avais impressionné. J’étais si fier que j’aurais pu tirer la charrette à la place des bœufs.
Le voyage dura quelques heures et Jésomey, ayant sorti un calepin et un crayon, se mit à dessiner une jeune femme : je comprenais immédiatement qu’il s’agissait de Mysouge, mais je ne dis rien et respectai ce qu’il accomplissait.





Partie II : La Seconde Transe


Le voyage se termina tard dans la nuit lorsque la silhouette d’un imposant château se découpa dans le ciel violacé. J’étais surexcité à l’idée d’interpeller notre roi, Nocort, qui ne possédait qu’un petit territoire peu peuplé, et était donc, à ma grande joie, proche de ses sujets.
Les portes du château, par chance, étaient ouvertes. J’avais l’intime conviction qu’à nouveau, Jésomey y était pour quelque chose… Il pouvait faire tant. Nous passâmes donc le haut portail, et arrivâmes dans la cour. Je sautai à terre avec entrain, et Jésomey finit par me suivre. Il est étonnant de voir combien les hommes sages agissent avec calme et lenteur : Jésomey devait être possesseur d’une sagesse qui devait dépasser l’entendement de toute créature, car il vint si lentement et nonchalamment que cela aura pu être pris pour de la résignation.
Je connaissais bien le château : petit, ma mère m’y emmenait souvent car elle faisait parti des proches du roi, aussi j’eus le temps, autrefois, de partir à la découverte de tous ces couloirs labyrinthiques. Et, dans les minutes qui suivirent, j’avais entraîné Jésomey dans l’un d’eux en le tirant par la manche.
« Naf, attends. Il faut qu’on… »
Mais je n’avais pas le temps. Si le dîner du roi était commencé nous ne pourrions nous inviter à sa table et si tel était le cas, je ne pouvais présenter Jésomey au roi Nocort.
Nous débouchâmes alors sur une immense salle décorée de toutes parts : riches tapisseries brodées d’or, lustres étincelants suspendus à un plafond sur lequel avait été sculpté des milliards de fleurs comme une prairie retournée au-dessus de nos têtes. Là encore, la chance était de notre côté ; le roi n’était pas encore venu s’attabler, ses convives l’attendant, debout, autour d’une grande table ronde au bois sombre. Comme le veut la tradition, trois des places avaient été laissées libres pour les éventuels invités prestigieux surprises : des places qui n’attendaient que nous. J’amenai donc Jésomey près de la table, saluant d’un signe de tête les convives du roi qui nous suivirent des yeux avec un air stupéfait.
« Ils sont déjà envoûtés par lui » pensai-je.
C’est alors que le Roi Nocort lui-même fit son apparition. Il vint vêtu d’une toge rouge sombre rayée de filaments verts, d’une démarche lente (pas autant que celle de Jésomey, cela va de soi). Il s’approcha du trône qui lui était réservé, et tout le monde s’inclina lorsqu’il leva sa main droite en signe de paix. Son visage respirait la simplicité et la sympathie, aussi pris-je l’initiative de nous présenter à lui avant qu’il ne crût que nous soyons quelques délibérés incrusteurs.
« Bien le bonsoir, votre Majesté ! J’ai l’honneur d’apporter ce soir à votre table un invité de marque, afin que vous puissiez faire connaissance avec l’incarnation de la sagesse : voici Jésomey, le prophète le plus remarquable que Glow n’ait jamais connu. »
A ma droite, Jésomey soupira. Hé oui, les hommes sages sont modestes, j’avais dû en faire trop pour lui. Mais qu’importait, il fallait que le Roi puisse reconnaître un homme hors du commun. Ce dernier me répondit en ces termes :
« Bonsoir, jeune Naf. Mes condoléances pour votre mère. Mais en quoi ce jeune homme est-il si remarquable ? Qu’est-ce qui me prouve qu’il ne s’agisse pas un imposteur, comme tous les précédents qui clamaient à qui voulait l’entendre qu’ils pourraient sauver l’avenir de Glow et qui finalement fuyaient après avoir reçu un peu d’argent pour m’aider ?
- Jésomey n’est pas un imposteur,
répondis-je. Je peux m’en porter garant : j’ai été témoin de l’une de ses transes et je puis vous affirmer que cela est remarquable. Il ne me connaissait pas, il lui a fallu quelques minutes pour connaître mon nom, savoir que je pleurai ma mère au bord du lac et que mon deuil était pourtant terminé depuis la veille. Personne ne le lui a dit, puisque personne n’était au courant. De plus, Jésomey est un grand sage : il ne s’est jamais dit prophète, il l’a juste suggéré. Rien de plus mystique qu’une suggestion, n’est-ce pas ?
- Je dois avouer que cette personne semble bien singulière. Mais j’ai faim, alors nous parlerons de tout ça durant le repas, si vous le permettez, prophète Jésomey.
- Ouais. »
Jésomey avait répondu dans une attitude qui prouvait de nouveau sa modestie. J’étais fier d’être à ses côtés. Le Roi nous fit signe de s’asseoir et des femmes apportèrent de grands plats. Les convives s’intéressèrent à nous immédiatement : j’entrepris donc de leur conter comment s’était déroulée la première transe de Jésomey. Ce dernier voulut me couper la parole mais je le contins d’un signe de la main. Je leur racontai qu’il y avait vu une jeune femme, Mysouge, une déesse mystique, sans aucun doute. Jésomey me lançait des regards désespérés en coin, il aurait presque paru agacé. Le Roi, qui écoutait attentivement mon récit, finit par s’adresser de nouveau directement à Jésomey.
« Prophète Jésomey, dit-il, je suis très curieux de vos pouvoirs. Voyez-vous, le peuple de mon royaume, comme sur Lyrea, fuit la Lune pour rejoindre Aereethe. Les gens veulent s’installer ailleurs, là où les tempêtes de sable rouge ne font pas rage toutes les semaines, là où les lacs n’ont pas cette teinte angoissante et là où les arbres sont feuillus et non pas noirs et épineux. Pourtant, cette planète est riche en ressources minières et ses sols regorgent d’eau, nous ne pouvons nous résigner à l’abandonner. Mais comment faire pour retenir la population ? Comment nous comporter, tous autant que nous sommes, pour que la planète soit convoitée ? Avez-vous des réponses sages à m’apporter à ce sujet ? »
Jésomey me regarda en soupirant à nouveau, puis il prit la parole.
« A propos de votre planète, majesté, je ne sais pas. Tout ce que je veux, c’est que l’on me laisse libre. Je vous laisse une seule chance de me laisser vous expliquer, sinon… »
C’est alors que brusquement, il eut une nouvelle transe. A notre stupéfaction, sa tête plongea dans son assiette de purée de digranes, ses mains tombèrent le long de son corps. Personne n’osa dire un mot, jusqu’à ce que je brise le silence en murmurant à tout le monde :
« Souvenez-vous : il vient de dire que nous n’avons qu’une seule chance de le laisser nous expliquer. Il faudra donc être extrêmement attentif, car il semblerait donc que la vie nous offre à chacun une seule et unique chance d’être joint divinement. Ses transes sont des merveilles. »
Lorsque je terminai mon petit discours, Jésomey releva la tête comme pour m’appuyer. D’une main, il dégagea ses yeux recouverts de purée et nous contempla. Sans hésiter, je fis ce qu’il attendait de nous : je plongeai ma tête dans mon assiette. A ma grande joie, j’entendis les autres convives en faire autant quelques secondes plus tard. Lorsque je ne pus plus retenir ma respiration, je sortis de ma purée : je vis que certains étaient toujours plongés dans leur assiette, et que les autres avaient le visage recouvert de purée. Je fus empli d’un sentiment de plénitude en constatant que tout le monde avait accompli le rituel, même le Roi Nocort en personne.
A mes côtés, Jésomey se mit à rire. Un rire incontrôlé, je compris qu’il s’agissait là de l’expression d’une joie inconsidérée. J’étais encore plus heureux. Entre deux éclats de rire, il lança :
« Ah non… Oh oh oh oh… Non, non, il faut que j’y aille. Oh oh oh, c’est pas possible... Ah ah… J’y vais... »
Et sur ces mots, Jésomey se leva et tourna les talons. Je me lançai à sa poursuite, suivi de près par deux personnages (dont j’appris le nom quelques heures plus tard, Gashi et Nonmévréman).




Partie III : La Troisième Transe

Durant quelques minutes, nous suivîmes tous trois Jésomey sans un mot : il nous ramena à l’entrée du château où ; trépignant d’impatience, je ne pus m’empêcher de le questionner :
- Prophète Jésomey ! Où allez-vous ? Nous vous suivrons quoiqu’il en coûte !
A ces mots, Jésomey cessa sa marche et se retourna vers moi :
- Non Naf ! Vas-tu m’écouter ? J’étais juste venu te dire que tu es mon Petit Frère…
Bien que ces mots me touchèrent profondément, je n’eus le temps de le temps de le remercier : déjà Jésomey s’effondrait sur moi, dans une autre transe. Je le retins du mieux que je pus, mais l’effet de surprise et son poids peu négligeable me firent dangereusement chanceler.
C’est alors qu’intervinrent courageusement Gashi et Nonmévréman. Ils le retinrent de la force de leurs bras pour nous éviter la chute, et bientôt Jésomey reprenait conscience. Ses yeux allèrent de Gashi à Nonmévréman, puis de Nonmévréman à moi, et il déclara :
- Merci les gars… Mais je dois y aller maintenant.
Il fit, après avoir retrouvé l’équilibre, un pas pour sortir du château. Mais, alors que je lui emboîtai le pas, il se retourna une dernière fois vers moi.
- Naf, ne me suis pas. Tu dois trouver ton chemin seul désormais.

Et, sur ces mots, il s’éloigna.
Je ne le revis jamais.

Dans les instants qui suivirent, j’ai compris qu’il avait mit fin, d’une étrange façon, à mon deuil, me libérant ainsi d’un lourd fardeau.

Je me sentais fort d’avoir été baptisé Petit Frère par le prophète Jésomey.
Gashi et Nonmévréman ayant activement participé à la troisième transe, je décrétai qu’ils étaient eux aussi Petits Frères.

Quelques mois plus tard, nous partions tous trois sur les chemins de Glow pour prêcher la bonne parole : nous espérions convaincre les gens qu’ils n’avaient qu’une seule chance, comme l’avait énoncé Jésomey.
Bien sûr, j’espère qu’un jour Jésomey réapparaîtra pour voir le travail que nous avons abattu et que nous continuons d’abattre. Je ne perds pas espoir.

Beaucoup nous écoutent encore aujourd’hui. Le Roi Nocort a ainsi décidé de redonner vie à Glow par la religion du Prophète Jésomey, et quelques visiteurs Aereethiens nous rendent parfois visite, à mes compagnons et moi, pour en savoir plus sur Jésomey.
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